30 juin 2008

Focus : Une opération qui symbolise la crise

Focus : Une opération qui symbolise la crise

Un deal à moins d’un milliard d’euros qui pourrait se révéler le plus important de l’année à Paris.

Si ce pronostic se vérifiait, il serait saisissant pour le microcosme français de la banque d’affaires. Pas peu fiers, par les temps qui courent, d’être parvenus à ficeler l’offre faite par Clarins à ses minoritaires de les racheter pour retirer de la cote dans la foulée ce groupe familial privé de réel avenir en Bourse, Jean- Marc Forneri et Olivier Dardel ne sont en effet pas loin de penser qu’ils ont signé là, exception faite de la fusion au forceps des groupes Suez et Gaz de France, l’opération financière de l’année. Du moins à la Bourse de Paris. Un comble !

D’autant que son montant n’atteint même pas le milliard d’euros. Une misère ou presque pour Jean- Marc Forneri qui, en créant Bucéphale Finance, sa boutique de M&A, en 2003 avait à coeur d’inscrire à son tableau de chasse le plus de  » big deal  » possible. En d’autres temps, il aurait eu le triomphe plus modeste pour une telle opération. Non qu’elle ne soit pas dans une certaine mesure prestigieuse : Clarins, sans appartenir au gotha du CAC 40, n’en demeure pas moins une marque de prestige dans le secteur des cosmétiques. Elle est aussi en quelque sorte une figure emblématique du marché parisien. D’autant qu’il s’agit d’un groupe familial qui met un terme à 18 ans de parcours à la Bourse de Paris.

SATISFACTION

En attendant, face au vide sidéral où l’activité de la banque d’affaires semble plongée actuellement dans l’Hexagone, Bucéphale Finance peut d’autant plus se réjouir de cette opération qu’il en tire seul les lauriers, mais aussi les bénéfices. Sans doute parce qu’entre les Galerie Lafayette et la famille Moulin, Onet et les Reinier et Fininfo et les Jeulin, Jean-Marc Fornerie finit pas se tailler une solide de réputation de banquier conseil auprès des groupes familiaux, sa structure n’a, une fois n’est pas coutume, pas à partager les  » fee s ».

L’opération Clarins lui donne la satisfaction d’avoir pu mener le deal à son terme, alors que la crise financière gèle toute initiative. L’affaire n’était pas gagnée d’avance : un financement à 100 % pour un montant de plus de 850 millions d’euros ne se trouve pas sous le pied d’un cheval de nos jours. Surtout à l’heure où les banquiers rechignent à se refinancer entre eux, donc à financer leurs clients. Pour le CIC, le groupe Clarins n’est certes pas un client comme les autres. La filiale du Crédit Mutuel est le banquier historique. C’est d’ailleurs lui qui a conduit Clarins aux portes de la Bourse. Il est somme toute logique qu’il lui en facilite aujourd’hui la sortie.

DOMINIQUE CHAPUIS ET THOMAS LE MASSON